VOUS ENVISAGEZ D’ACHETER UN BATEAU ? VOICI QUELQUES CONSEILS !

Avant d’acheter votre bateau, sachez exactement quel usage vous allez en faire : temps estimé de navigation, lieu de navigation (mer, rivière ou mixte), dans une année, le nombre de personnes qui navigueront avec vous, une habitation temporaire ou principale… Lorsque vous aurez arrêté votre choix, vous pourrez choisir le type de bateau qui vous conviendra.

Pour la mer :
Il vous faut au minimum un moteur d’une puissance de 160cv pour le côtier et du double pour le hauturier.
Il existe deux types de refroidissement moteur.
Le refroidissement dit : keepcooling et le refroidissement via l’eau du canal ou de la rivière.
En mer, posséder deux moteurs laisse entrevoir un aspect plus sécurisant.
Mais il faut savoir qu’un ensemble bien entretenu, moteur et inverseur, revient bien moins cher que deux ensembles. La fiabilité des moteurs dit récents et même anciens, ne pose aucun problème lorsque l’on reste dans des marques connues et réputées pour leur sérieux et leur service après vente. Moins il y a d’électronique sur un moteur, moins nous sommes assujettis à un nombre d’incidents.
La longévité des moteurs, c’est comme pour une voiture. Si l’entretien est correctement effectué, les risques de panne sont moindres.

Pour le fluvial :
Si vous comptez naviguer en Europe, Rhône, Rhin, Danube, etc… prévoyez plutôt un moteur de 100cv.
Si vous pensez ne naviguer que sur les canaux, un moteur de 50cv à 80cv est suffisant.
Pour naviguer sur le Rhin, il vous faut détenir une "patente" du Rhin (longueur supérieure à 15m) et si vous n'avez pas de "patente", un pilote d’accompagnement sera nécessaire et à vos frais.

Votre choix est fait, je vous propose quelques conseils :

Les documents du bateau :
En dehors du coup de cœur, il faut que le propriétaire actuel vous fournisse les documents suivants concernant le bateau :
- Le certificat de navigation.
- Les différentes factures se rapportant aux travaux et à l’entretien du bateau : dernière sortie de l’eau pour antifouling, état et changement des anodes, etc…
- Bien vérifier que les anodes correspondent aux eaux dans lesquelles votre bateau va évoluer : douces ou saumâtres.
- Un résultat de recherche d’osmose pour les bateaux en polyester.
- Si le bateau fait plus de 20 mètres hors tout, il faut que le vendeur vous fournisse obligatoirement le certificat communautaire. Si ce certificat n’est plus valable, faites ATTENTION au respect des normes pour en obtenir un autre car la visite de l’expert peut être très contraignante !
- Mais dans tous les cas il vous faudra effectuer un plan de sondage pour les bateaux en acier. Cela vous garantira la bonne nature de la coque et éventuellement les points faibles à réparer.
- Document concernant le moteur - marque, type, puissance -, de même pour la pompe d’injection et le filtre à eau.
- En cas d’achat, pensez à réclamer les factures pour toutes les pièces détachées pour l’entretien et les batteries du bateau.
- Documents concernant l’inverseur et le propulseur d’étrave.

analyse miniLes contrôles à effectuer - Mécanique :
- Contrôler l’étanchéité des joints moteurs.
- Contrôler l’étanchéité du circuit hydraulique : fuites, suintements, etc …
- Bien vérifier le presse étoupe qu’il n’ait pas de fuite.
Regardez lorsque le moteur tourne au ralenti et en navigation à plusieurs régimes, s’il y a des vibrations ou autres anomalies tels que : arbre moteur très légèrement tordu, presse étoupe ovalisé suite à de mauvaises lubrifications, silent blocs moteur affaissés ou fendus, fixations moteur qui a bougé.
- Quand le moteur est chaud, faire réaliser un prélèvement de l’huile-moteur pour en effectuer une analyse : c’est impératif ! (voir le rapport exemple ci-contre)
Par contre, ne prévenez pas trop tôt de l’heure de votre visite, cela évitera que le vendeur fasse tourner les moteurs avant votre arrivée. Un moteur froid démontre toujours ses petites faiblesses : difficultés au démarrage, claquements, émission et couleur des fumées à l’échappement, etc… En général, fumée blanche = joint de culasse ou joint d’embase et fumée bleue = consommation exagérée d’huile quant à la fumée noire c’est en général un mauvais réglage ou c’est peut-être la conception du moteur qui veut cela.

Les contrôles à effectuer - Equipements & Aménagements :
- Si ce bateau est équipé d’un guindeau électrique ou manuel : fonctionne-t-il et quelle est la longueur de chaîne d’ancre.
- Bien regarder les boiseries au sol (traces de moisi ou d’humidité), bien inspecter le bateau dans tous ses recoins y compris la cale pour découvrir s’il existe différentes traces d’eau, vérifier les pompes de cale, au minimum une automatique. Pour voir si elles fonctionnent, immergez-les dans un seau d’eau.
- Bien contrôler le bon fonctionnement des WC qu’ils soient électriques ou manuels.
- Contrôler également le réfrigérateur, le congélateur et l’ensemble des appareils de la cuisine.
- Vérifier et faire fonctionner le chauffage.
- Les gilets de sauvetage : leur nombre doit correspondre au nombre de personnes que le bateau peut embarquer et ce nombre est inscrit sur le certificat de navigation. Les gilets de sauvetage possèdent une date de péremption. Vérifiez que le matériel de sécurité soit bien présent à bord conformément aux derniers RPP.

Les contrôles à effectuer - Structure - Rouille - Moisissures :
- Bien demander comment et en quoi est réalisée l’isolation du bateau.
- Bien regarder également en fond de coque s’il y a des traces de rouille. Si oui, à quoi sont elles dues ? Généralement à des déplacements d’objets lors d’éventuelles interventions. La rouille peut aussi être occasionnée par de l’humidité ou de l’eau stagnante en fond de cale. Grattez pour vérifier l’épaisseur de la rouille et voir si elle n’est que superficielle.

Coque cloques Rouille placard cabine Trappe devant frigo
Cloques sur la coque Rouille dans le placard entre le carré et la cabine De l'eau dans la cale sous la trappe devant le réfrigérateur, après quelques heures de navigation

Le plus grave serait de découvrir d’importantes traces de rouille dite « en mille feuilles » en fond de cale ou sur les œuvres vives. La rouille en « milles feuilles » a la particularité, lorsqu’on la gratte, de s’écailler épaisseur par épaisseur. Cela peut représenter plusieurs dixièmes de millimètres. Si tel est le cas, il faut vous munir d’un miroir articulé ou d’une caméra endoscopique (cela se loue) pour pouvoir observer tous les endroits cachés par des cloisons ou les vaigrages, ce qui est très problématique pour les démonter, et peut-être en découvrir ailleurs.
- Regarder s’il y a des traces de moisi ou du verni écaillé autour des ouvertures et fenêtres : hublots, salle de bain, évier de cuisine, etc…
Si les sols sont recouverts de moquette, n’hésitez pas à soulever celle-ci car en général, si le dessous c’est du bois ou de l’acier, ce sont des nids à moisi ou des repaires à départ de rouille.

Les contrôles à effectuer - Circuit électrique :
- Vous munir d’un excellent contrôleur de tension/ ampèremètre pour effectuer différentes vérifications du réseau électrique : mise à la masse de différents éléments, débit de l’alternateur et charge des batteries, ainsi que tout le système électrique du bateau, etc…

La vente proprement dite :
- Pour tout ce qui est réparation touchant à la sécurité du bateau, les frais des réparations sont à la charge du vendeur.
- Vous pouvez faire établir des devis par des professionnels concernant ces réparations et les défalquer du montant du prix de la vente.
- Le coût de la sortie de l’eau d’un bateau est généralement à la charge du vendeur.
- Dans tous les cas ne signez jamais un acte de vente définitif mais seulement un compromis de vente sur lequel vous ferez figurer toutes les réserves (réparation de la coque, propulseur d’étrave, suintement au presse étoupe, etc…) et surtout faites un essai du bateau pour voir son comportement, accompagné d’une personne de confiance et qui pourra vous être de précieux conseil.
- Enfin l’accompagnement d’un expert compétent choisi par vous et non par le vendeur, est une obligation absolue.

Il ne faut pas craindre le regard du vendeur qui n’appréciera peut-être pas vos agissements. Mais l’achat d’un bateau n’est pas l’achat d’un vélo, cela ne se revend pas aussi facilement et certains problèmes peuvent coûter très chers en réparations et transformer les joies de la navigation en galère.

Avec tous ces conseils je ne cherche pas à vous faire renoncer à l’achat d’un bateau mais à ce que cette transaction se fasse dans les meilleures conditions pour vous. Tous ces conseils sont valables pour des bateaux achetés en France et en Europe mais les modalités de contrat sont très différentes d’un pays à un autre.

Bienvenue dans le monde de la plaisance.

Jean Claude Dubois
Délégué Régional VRS
Pôle Technique A.N.P.E.I